La Politique Agricole commune – PAC n’a jamais permis aux communes Européennes d’occuper véritablement une place sur l’échiquier du développement agricole. En Corse plus qu’ailleurs les réserves foncières de nos « grandes villes » sont trop utilisées à la construction de nouveaux logements et non pas au développement d’une véritable politique agricole urbaine. La raison de ce désintérêt est multifactorielle. En premier lieu les instances communales n’ont toujours pas la compétence pour intervenir directement sur la rémunération des producteurs, les aides de la PAC ou encore les accords de libre-échange. Cette absence de reconnaissance Européenne limite très fortement les politiques publiques communales en matière de politique foncière, d’aides publiques à l’agriculture et à l’alimentation (déclaration de Nantes du 12 et 13 septembre 2022). Ensuite elles sont confrontées aux surcoûts budgétaires que peut représenter l’acquisition de foncier agricole, la création de fermes communales et de régies de distribution (circuits courts, Programmes Alimentaires Territoriaux, …). Malgré ces blocages institutionnels une prise de conscience se fait jour parmi le réseau des métropoles Françaises. L’idée de développer des fermes communales, d’investir dans des filières de production, de créer des régies agricoles destinées à alimenter la restauration collective des bassins de population métropolitaine, de lutter contre l’artificialisation des terres intéresse de plus en plus les équipes municipales en charge du développement économique, de l’aménagement des territoires ou de l’environnement. Xavier Guiomar – Enseignant-chercheur à AgroParisTech, maire de Châlo-Saint-Mars, mais aussi spécialiste des politiques agricoles locales et des territoires agri-urbains – explique cette montée en puissance des métropoles dans les politiques agricoles locales, et le retour en force de ces questions depuis quelques années. Cette évolution et mutation est d’ailleurs visible à Rennes qui est une ville pionnière en matière de politique alimentaire, avec son programme local pour l’agriculture (PLA) adopté dès 2008 ; mais également Toulouse qui détient notamment un vaste domaine nommé Candie qu’elle opère en régie et exploité par neuf
agriculteurs-salariés.
L’enjeu de ces nouveaux modèles de société est de parvenir à construire des écosystèmes respectueux de l’environnement, soucieux des problèmes liés au changement climatique et avant-gardiste en termes de qualité de produit et de valorisation des ressources locales. Les communes d’AIACCIU, BASTIA, PORTI VECHJU, CALVI et CORTI doivent s’emparer de cette réflexion qui à l’échelon local peut contribuer à redynamiser partiellement notre économie agropastorale. Les communes urbaines et rurales Corses doivent devenir à brèves échéances des partenaires naturelles dans la mise en œuvre des projets à vocation agricole et rural.